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Un ravageur inattendu

En 2018, j’ai planté un exemplaire de “Stachys byzantina“, appelée “Oreille d’ours”. C’est une Lamiacée, du genre “Épiaire” (Épiaire laineuse). Elle a la particularité d’avoir les feuilles épaisses et duveteuses, très douces au toucher, présentent une forme oblongue qui rappelle des oreilles velues. Et c’est bien pour ce feuillage gris argenté, lumineux et très ornemental, que Stachys byzantina est apprécié au jardin : persistant ou semi-persistant, très résistant aux intempéries (davantage que d’autres plantes au feuillage duveteux), il offre une excellente tenue tout au long de l’année.
Pour mon “jardin Nature admise”, c’est essentiellement pour le duvet de ses feuilles que je l’ai choisie, car c’est le matériau que recherchent les abeilles solitaires du groupe des “cotonnières”, comme l’Anthidie.

Mais dès les premiers beaux jours de ce printemps 2020, la plante est couverte de taches … qui, je le découvre plus (trop) tard, sont en fait l’expression des dégâts causés par les chenilles d’un petit papillon de nuit, Coleophora lineolea. Les œufs ont été pondus sous les feuilles, près d’une nervure. Dès l’éclosion, la chenille creuse un couloir vers la feuille, et de nourrit dans l’épaisseur de la feuille, ce qui crée ces taches claires (appelées “mines”) dans les feuilles, parfois jusqu’à couvrir toute la feuille.

S’en suit la construction des fourreaux (manchons), essentiellement constitués de poils des feuilles, dans lesquelles les chenilles poursuivent leur développement. Les larves ont atteint leur pleine croissance de fin mai à fin juillet. La nymphose a lieu près du sol sur la plante.

J’ai sauvé 2 boutures … à suivre



Choux de Bruxelles, chenilles, polistes et opilions : une chaîne alimentaire complète

Depuis 2016, je réserve deux ou trois jardinières à la culture de légumes.  Pas tellement pour récolter quelques kilos de ma propre production, mais plutôt dans l’idée d’attirer des insectes que je ne pourrais pas observer sur les fleurs de mon petit jardin.

Ainsi donc, en mai 2016, 6 plants de haricots et 3 de choux de Bruxelles trouvent place dans une jardinière. Et je n’interviens en rien dans la culture … jusqu’à la détection à la mi-juillet, de la ponte d’un papillon abonné aux choux, le bien nommé Piéride du chou.  La ponte est groupée sous les feuilles des plantes hôtes. Je compte une soixantaine d’œufs. L’éclosion a lieu 4-5 jours plus tard, et peu après, les jeunes chenilles se regroupent, et s’en prennent à la partie superficielle du feuillage, la plus tendre, laissant à la place, un “film” translucide.

A partir du deuxième stade larvaire, elles commencent à se disperser, et forment de petits groupes de 4-5 unités, les chenilles étant alors capables de perforer et dévorer le feuillage dans toute son épaisseur. Les dégâts sont à la mesure de la taille des chenilles, mais aussi de leur nombre, et dans les cas extrêmes il ne reste bien souvent que les grosses nervures des feuilles attaquées.

Vers le 21 juillet, deux récoltes très correctes de haricots “beurre” … Les choux de Bruxelles, par contre, ne poussent guère, et même si c’est un légume du début d’automne, j’élimine manuellement 3/4 des chenilles … d’autant que j’ai repéré un précieux allié, présent depuis 10 ans dans mon jardin : le Poliste gaulois. J’ai déjà présenté cette guêpe sociale, en expansion, à plusieurs reprises, en août 2016, sur un autre blog, et sur Natura’Liste. Pour nourrir leurs larves, les ouvrières capturent différentes proies, dont des chenilles, qui sont promptement découpées façon “rôti” et emportées vers le nid.

Le 31 juillet, en début de nuit, j’ai eu la chance d’observer un deuxième allié, que je n’imaginais pas prédateur de chenilles : l’Opilion. Appelés aussi “Faucheux“, ils ressemblent à des araignées, aux pattes démesurées, et au corps non divisé (à la différence des araignées).  Un escadron de 3 chasseurs nocturnes faisait un vrai carnage parmi les chenilles, les découpant et emportant (j’imagine …) les meilleurs morceaux pour aller les manger à l’abri.

Avec de tels alliés, et même si j’avais bien repéré 2 ou 3 œufs isolés d’une autre Piéride, la Piéride du navet … je pensais mes choux tirés d’affaire.  Hélas … cette deuxième attaque allait leur être fatale : plus de 20 chenilles vertes, bien cachées, se sont entendues pour terminer le travail commencé deux mois plus tôt par leurs cousines vert jaune. Et cette fois-ci, aucune prédateur à l’horizon, comme cette minuscule guêpe observée en juillet 2010.